A 420 mètres d’altitude, sur un éperon
rocheux détaché de la faille de Mâlain et isolé entre les hauteurs des bois de
Perrigny et celles de la Roche Aigue, la silhouette mutilée du vieux château
fort domine de près de 150 mètres le village. Son isolement, au milieu de la
vallée de la Douix, et sa position élevée lui confèrent une position
stratégique idéale.
Si, contrairement à ce que l’on pourrait
penser en regardant les ruines depuis le village, le château n’est pas, à
proprement parler, construit sur le sommet de la butte, il s’accroche à son
flanc sud, en contrebas de l’arête rocheuse, pour mieux profiter de la
protection naturelle qu’offre sur sa face nord, et sur la quasi-totalité de son
développement, la présence d’une abrupte corniche rocheuse, tout en bénéficiant
ainsi d’un bon ensoleillement.
Les seigneurs.
La seigneurie de Mâlain apparait en
1075, d’après les textes les plus anciens connus aujourd’hui. Le premier
seigneur mentionné, Gui de Mediolano (de Mediolanum, la bourgade Gallo-Romaine
qui préexiste au village), était un descendant direct du premier seigneur de
Sombernon, auquel Malain était probablement rattaché avant d’être constitué en
seigneurie indépendante.
Du XIe au XVIIIe siècle, plusieurs
familles se succèdent à Mâlain, dont cinq eurent une influence importante sur
le sort de la seigneurie. De 1075 à 1230, ce sont les descendants de Gui de
Mediolano qui tiennent le fief, suivis par les Sombernon de 1230 à 1250 et les
Sombernon Montagu de cette date au début du XIVe siècle.
En 1419, Pierre II meurt sans
descendance et cède le château à ses deux nièces, Catherine et Jeanne de
Montagu, qui vont se disputer âprement l’héritage. A l’enregistrement de l’acte
le 15 décembre 1422, au terme d’un procès rocambolesque dont les archives nous
ont gardé la trace, la partie est du monument revient à Jeanne et l’ouest à
Catherine. Le partage, matérialisé sur place par un mur prévu par l’acte et qui
a traversé les siècles, divise également la seigneurie. Jusqu’en 1654, la terre
de Mâlain aura deux « seigneurs en partie » : les Rougemont,
suivi des Mâlain, héritiers et acquéreurs de la part de Jeanne d’une
part ; les Villers Sexel, les Beauffremont et enfin les Sercey, héritiers
et acquéreurs de la part de Catherine d’autre part.
A la mort de Catherine de Montagu, c’est
en effet son fils, Guillaume II, né d’un premier mariage avec Guillaume de
Villers Sexel, qui hérite de la seigneurie. Le règne des Villers Sexel est
court puisqu’il s’achève avec l’union de Jeanne de Villers Sexel et de
Guillaume de Bauffremont en 1436, dont la famille garde Malain jusqu'à ce que
Claude II, évêque de Troyes, ruiné, vende sa part du château et de la
seigneurie à Denis de Sercey en 1571. Noel Brulat, fils de Denys Brulat,
premier président au parlement de Dijon, succède aux Sercey en 1598.
Ce sont les Brulart qui réunifieront le
château et la seigneurie au milieu du XVIIe siècle pour abandonner aussitôt la
forteresse, au profit de la nouvelle résidence, plus conforme au gout du temps
et à leur situation sociale, qu’ils édifient alors sur les ruines du château
fort de Sombernon, ce « château neuf » très admiré en son temps dont
les derniers vestiges viennent d’être fâcheusement détruites ! Aux Brulart
succéderont les Luynes de 1704 à 1763, puis les Vichy-Chamron jusqu’en 1793, date
à laquelle Abel Claude Marie de Vichy-Chamron est exécuté à Lyon comme
contre-révolutionnaire et ses biens confisqués comme Biens Nationaux.
Ainsi abandonné dès le milieu du XVIIe
siècle et déjà suffisamment dégradé en 1793 pour que l’acte de vente ne le
mentionne même pas, le château de Mâlain, livré aux intempéries et aux
récupérateurs, n’offrait plus à nos yeux, en 1985, que le spectacle désolé et
désolant d’une ruine imprenable vaincue par une végétation dévorante et en
passe d’être complètement effacée du paysage. Sa restauration méthodique par
les bénévoles du GAM à partir de cette date et les fouilles menées
conjointement ont permis d’en enrayer la ruine et d’en restituer les
principales étapes de construction, du castel du XIe siècle, dont nous ne
savons rien, aux vestiges actuels qui s’échelonnent du XIIIe au XVIe siècle.
Texte de Louis Roussel.
*
Le château se situe au dessus
d’une grotte appelée le trou du diable où des céramiques néolithiques et des
vases du bronze ancien ont été retrouvés.
La grotte fut notamment utilisée par les bergers de tout temps.
Le village fut considéré comme un ancien
lieu de la pratique de sorcellerie noire en France, plusieurs procès et buchers
y eurent lieu.
L’on raconte l'histoire d'une jeune
femme qui, un soir, aurait été emmenée par un homme en rouge, jusqu'à une
crevasse, réputée pour avoir été appelée « La Crevasse du Diable »
qui mènerait jusqu'aux enfers.
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Liens :
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Coordonnées géographiques du château :
47.327205 4.788333
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